Qu'est-che que t'vas vire?
Théâtre patoisant à Marly
Les faiseux et les diseux

Le Ch'ti, le picard ou le rouchi. Quel que soit son nom, dans le nord de la France beaucoup connaissent ce patois et ses variantes. Mais combien osent encore le pratiquer ? Née d'une époque où notre région a subi les influences néerlandaises ou espagnoles, cette langue d'oïl a été supplantée par le français quand Louis XIV a élargi les frontières de son royaume. C'est sur ce fait historique que l'auteur Charlemagne a construit l'intrigue de sa pièce intitulée Eune salate imaginaire. Entre identité culturelle et besoin de redorer le blason de cet héritage linguistique, l'auteur oppose personnages et époques pour une comédie décapante, à voir ce dimanche 16 septembre à Marly.
Francis Menet alias Charlemagne est un nordiste loin de sa région, depuis les années 70 il vit sur l'arrondissement toulousain. Mais cet éloignement géographique n'en fait pas un déraciné, il a toujours le cœur et surtout la langue ancrés dans sa terre natale. Il y a en lui cette envie de faire perdurer un parlé, de lui rendre ses lettres de noblesse, et c'est par les planches qu'il entreprend ce chantier. Tout est parti d'un échange avec Bertrand Cocq, le président de l'association les tréteaux de l’Impasse « m’a assuré que le public de la région était friand de théâtre patoisant pourvu qu il soit de qualité, pas vulgaire, et que les spectateurs se retrouvent, dans les personnages, leurs traits et leur culture ».
Les pièces de Charlemagne sont jouées partout en France, là où il y a des associations ch'tis. Et évidemment dans le Pas de Calais et le Nord. Ainsi c'est la deuxième fois qu'il viendra se produire à Marly suite à l'invitation de l'élu à la culture, Laurence Morel. La ville au moulin souverain accueillera dimanche 16 septembre la création « Eune salate imaginaire », un plat atypique entre comédie et fond historique. C'est l'histoire de Claudette et Roger, couple du nord « au franc parler et au patois maîtrisé » qui reçoit la visite d'un trio de figures du XVI ème siècle : Molière, Lafontaine et le roi soleil. Plus de 300 ans d'histoire et deux langues opposent les protagonistes de la pièce, « un rute combat comminche ».
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« Il y a conflit, de langue et de classe sociale. Claudette et Roger ne veulent pas se faire franciser », explique Charlemagne. L'auteur précise qu'il veut absolument « fuir la vulgarité », de ce fait il a volontairement écrit les dialogues patoisants en alexandrins. « On a voulu faire honte aux gens qui pratiquaient le ch'ti. On les a volontairement rabaissés », c'est ainsi que l'auteur commente le joug d'une langue nationale face à l'exception locale. Un sujet sérieux mais à la sauce nordiste, « avec une autodérision typique des gens de la région. Je ne suis pas méchant avec mes personnages, tout simplement parce que je respecte mon public ». |
Charlemagne admet avoir trois plaisirs, ceux d'écrire, de jouer et de partager. Ainsi pour lui, ses pièces ne sont qu'une excuse pour créer de l'échange, et pouvoir parler librement sans complexes de son héritage linguistique. Pour vous en convaincre, retrouvez le aux côtés de Bernadette Martincic et de Yves Bourges pour la représentation gratuite de Eune salate imaginaire, à la salle des fêtes de Marly le 16 septembre.
Eune salate imaginaire sur le site de Charlemagne
XV
Publié le 10/09/18
Eune salate imaginaire sur le site de Charlemagne
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Publié le 10/09/18